…bien que personne ne me force.
A l’occasion de la sortie du 1er tome de la série, Nathalie, j’avais fait un article élogieux posé sur un ancêtre de ce blog (qui n’a jamais connu d’autre écrit). Elogieux est peu dire, à le relire on croirait que Blain m’avait payé pour l’écrire ! Quelle blague ! Je me rends maintenant compte que je manquais cruellement de retenue, en expliquant que c’était le meilleurs album de ces 10 dernières années et patati et patata, rien de tel depuis Franquin et blablabli et blablablon. Ah ah ah !
Alors qu’il est si évident que le meilleurs album des ces dernières années était le tome 2 de la série, beau bandit, et maintenant le tome 3, Ernest, du moins jusqu’au 4ème.
…Mince, je suis forcé de redire que l’alchimie entre virtuosité graphique et sens narratif parfait, avec du goût, cela donne presque mécaniquement un chef d’oeuvre.
On se demande d’oû vient ce trait ultra expressif, entre Franquin des débuts de Spirou, Gus Bofa et l’école de ses pairs David B ou Sfar. On ajoute à cela un sens de la mise en couleurs qui compte dans la narration, avec nombre de cases d’une seule teinte, ultra expressive, façon Génie des alpages de la grande époque (à mettre au crédit de Blain ET de Clémence, co-coloriste du chef-d’oeuvre). Mais mes envies de décrire le trait génial du maître dépassent ma capacité à le faire bien, du moins en quelques lignes. Ce qui me paraît indispensable d’évoquer, c’est l’incroyable talent de Blain à nous plonger dans l’univers de personnages instantanément familiers. Les héros, comme la plupart des personnages secondaires, ont des caractères que l’on a l’impression de connaître… Les comportements, attitudes et pensées de Gus ou de Clem me rappellent toujours quelqu’un, quand ce n’est moi-même.
Je note un changement par rapport aux deux premiers tomes : il n’y avait pour ainsi dire pas de narrateur extérieur (type encadré en haut de la case) au premier tome. Un peu plus à la fin du 2ème, et nettement plus dans ce tome-ci. C’est en général un outil narratif un peu lourd et bien souvent inutile. Au risque de laisser penser que, cette fois c’est sûr, on m’a payé pour être élogieux, j’ai envie de dire que c’est utilisé à bon escient dans Gus, en alternance avec une narration plus directe.
Je pourrait continuer à essayer de décortiquer ce qui fait que j’aime cette BD, mais l’essentiel est là : j’aime ce que fait Blain, et chaque nouveau volume me convainc d’avantage qu’il est l’auteur le plus complet du moment.
Bref, j’ai adoré. Je laisse passer 3 jours et demi et je me le relis.